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Mademoiselle Fu
11 octobre 2013

Les lilongs de Shanghai

Ils ont été mon/notre fil d'ariane pendant 9 mois, depuis que j'ai decidé de faire ma petite conference Histoire de Chine sur ce sujet. Alors Anne et moi avons arpenté les rues, poussé les portes, posé des questions, lu des livres, recherché des reportages de journalistes , visité des lilongs de la Concession, de la vieille ville, des quartiers de Hongkou; ils sont differents mais un même eprit y règne... et pour cause. C'est ça un lilong!

Voila quelques extraits de notre book, une occasion pour ceux qui le souhaitent d'en apprendre un peu sur Shanghai!

A la fin du 19ème siècle, les troubles politiques (Traité de Nankin et ouverture au commerce international de la ville, Revolte des Taipings, Guerre Sino-japonaise) forcent la population chinoise à se réfugier dans les grandes villes, notamment à Shanghai où la présence des étrangers dans la concession française et internationale assurera leur sécurité. La population des réfugiés augmente  à tel point que les logements commencent à faire défaut ; la population de la ville est passee de 0,27 en 1850 à 5,8 millions en 1950.

Une nouvelle forme de logement nait, construite dans les ilots de terre laissés vides entre le quadrillage des rues et des canaux existants. Shanghai est construite sur une zone marecageuse, c'est une ancienne ville d'eau.

 

Le LILONG ( 里 弄 ) représente une forme d’habitat caractéristique et traditionnelle de Shanghai, indissociable de l’histoire de la ville. Il occupe une superficie variant de 3500 m2 à 5 hectares; Il est constitué d’un système hiérarchisé de rues, ruelles et venelles, dessiné en peigne qui dessert des logements à un ou deux étages munis d’une petite cour intérieure, appelés shikumen. Des murs extérieurs s’élèvent autour du lilong. Seule l’existence d’un porche en pierre qui donne accès à la lane principale permet de deviner la vie qui se joue derrière cette façade de petits commerces.

Chaque lilong porte un nom destiné à le placer sous de bons auspices ou rendant hommage a celui qui l'a construit.

Les lilongs sont construits en se basant d’une part sur les modèles ruraux que les réfugiés, qui sont également les ouvriers, rapportent avec eux : utilisation du bois, de la terre, des briques et des tuiles pour construire murs et charpente et d’autre part en reprenant le savoir faire occidental : alignement des maisons comme les cottages britanniques.

Chaque lilong est composé d’une allée principale d’axe nord-sud puis d’allées latérales orienteées est-ouest. Chaque shikumen comporte une entrée principale orientée au sud, face au soleil et une entrée de service, au nord. Cette organisation est reprise sur un modèle ancestral issu du Feng Shui.

Du 19ème siècle à la fin du 20ème, la majorité des shanghaiens vivaient dans des lilongs.

 porte 2lane principale

 

lane semi provativeeviers

La croissance démographique incessante a conduit à diviser et re-diviser une maison en petits logements, avec tout un jeu de locations et sous locations (il pouvait y avoir jusque 8 familles vivant sous un même toit) .  La vie s’est progressivement organisée à l’extérieur dans les allées : on y cuisine, on y mange, on y lave le linge. Le concept de maison se réduit à avoir un lit pour dormir. Faute de place, les cuisines sont rejetées à l’extérieur et deviennent communes, libérant ainsi une pièce supplémentaire pour y loger une famille.La rue devient souvent une extension de la maison: alignement d’éviers, de paillasses, d’étendages, de lave-linges, de petit mobilier et de tabourets… Cela se traduit aussi par des toilettes communes, des abris à vélos, des distributeurs d’eau potable, des poubelles ou encore des appareils de gymnastique, des tables et  des chaises…

Voici un passage de La Poussière rouge illustrant le contexte : « la famille de Liang, elle, partageait une seule pièce à tout faire de 14 m2 dans une maison shikumen de la cité de la Poussière rouge". Les quatre générations devaient utiliser des rideaux pour isoler le lit de son grand père, le lit de ses parents, la couchette de son frère ainé accompagné de sa femme et de nouveau né, le lit de camp pliant de Liang lui même, et une table qui servait à manger, à étudier, à boire le thé, à coudre, à repasser selon l'heure et l'occasion. »

DSC00025 couettesjardin

doucheporte Borgogne principale

Aujourd'hui l'avenir des lilongs est fortement menacé; leur place en centre ville en fait des terrains très prisés des promoteurs immobiliers et la spéculation est forte.Soit les terrains sont vendus à des sociétés qui les détruisent pour y construire des tours d’habitation ou des bureaux permettant un gain non négligeable soit on décide de sauvegarder les lilongs; mais sauvegarder signifie réhabiliter, et cela se fait aux frais de l’Etat en bonne partie, avec une absence totale de gains alors.  Plusieurs essais de rehabilitation ont été menés avec plus ou moins de succès. Mais le problème du logement reste entier. Des villes nouvelles avec des barres d'immeubles sont construites en périphérie et c'est souvent là que les habitants des lilongs sont relogés, à quelquefois 30 km de leur lieu de travail ou de l'école des enfants et en perdant toute la richesse sociale du lilong...

Il est un diction qui dit : « Une personne qui n’a jamais vécu dans un lilong ne sera jamais un vrai Shanghaien, mais une personne qui a vécu toute sa vie dans un lilong n’est pas un shanghaien accompli. »

Le challenge est cependant d’offrir à chacun un logement décent.

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Commentaires
S
Merci Karin, très intéressant ce post. Je suis à Shanghai pour quelques jours et je retrouve avec joie et nostalgie cette ville fourmillante. Amitiés.
S
Merci Karin, très intéressant ce post. Je suis à Shanghai pour quelques jours et je retrouve avec joie et nostalgie cette ville fourmillante. Amitiés.
Mademoiselle Fu
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